Quantcast
Channel: L'actualité » Chronique de Chantal Hébert
Viewing all articles
Browse latest Browse all 43

Le retour de la grosse machine rouge

0
0
trudeau-liberal

En s’acharnant à présenter Justin Trudeau comme leur ennemi numéro 1, les conservateurs ont contribué à l’imposer comme l’aspirant le plus susceptible de battre Stephen Harper. – Photo : Darryl Dyck/La Presse Canadienne

S’il ne fallait retenir qu’une seule tendance lourde en politique canadienne, ce serait celle du retour en force de la marque de commerce libérale.

Au Québec, le PLQ — sous Philippe Couillard — est revenu aux affaires après moins de deux ans dans l’opposition et avec, en poche, un mandat majoritaire. En Ontario, le gouvernement libéral, donné pour mort au moment du départ de l’ex-premier ministre Dalton McGuinty, a reconquis, sous la direction de Kathleen Wynne, la majorité des sièges à Queen’s Park. Au Nouveau-Brunswick, les libéraux de Brian Gallant ont raflé le pouvoir aux conservateurs après seulement un mandat dans l’opposition.

En cette fin d’année, des libéraux sont au pouvoir dans six des dix provinces canadiennes, dont trois des quatre plus peuplées. Si la tendance se maintient, une septième province, Terre-Neuve-et-Labrador, passera aux rouges dès le printemps prochain.

La scène fédérale n’a pas échappé à cette tendance. Le parti de Justin Trudeau a occupé la première place dans tous les sondages sur les intentions de vote publiés depuis le début de l’année. Et cette bonne performance a eu des échos dans l’urne : six élections partielles fédérales ont eu lieu en 2014, trois en Alberta et trois en Ontario. À tous les coups, la proportion du vote libéral a augmenté, du simple au triple ou au quadruple dans certains cas.

Les libéraux avaient récolté le pire score de leur histoire au scrutin fédéral de 2011. Ils partaient de très loin. Mais à la vitesse où ils récupèrent le terrain perdu, les sceptiques qui doutaient que le PLC puisse sauter de la troisième place des dernières élections au premier rang du scrutin de 2015 sont de plus en plus confondus.

Les élections complémentaires n’ont pas changé le rapport de force entre les partis à la Chambre des communes, mais leur effet sur la psychologie préélectorale est indéniable, et dévastateur pour le NPD.

Car les succès à répétition de Justin Trudeau, c’est aussi l’échec de Thomas Mulcair à imposer son parti à l’électorat de l’extérieur du Québec comme la solution de rechange aux conservateurs de Stephen Harper.

Malgré une performance solide à la tête de l’opposition officielle, le chef néo-démocrate continue de laisser de glace l’électorat progressiste du reste du Canada.

On l’a vu dans Trinity-Spadina, siège laissé vacant par la veuve de Jack Layton, Olivia Chow. Dans cette circonscription torontoise qui compte peut-être le plus grand nombre de membres de la gauche caviar canadienne au kilomètre carré, le candidat libéral, Adam Vaughan, a remporté la victoire avec une vingtaine de points d’avance sur son adversaire néo-démocrate.

Et on l’a vu encore le mois dernier à l’occasion de l’élection complémentaire dans Whitby–Oshawa, l’ancienne circonscription du défunt ministre des Finances Jim Flaherty. Dans cette circonscription de la banlieue torontoise, le vote néo-démocrate s’est effondré, passant de 22 % en 2011 à 8 %. Le résultat a eu l’effet d’une douche froide pour le NPD, mais aussi… pour les conservateurs.

Car jusqu’à présent, tous les calculs du Parti conservateur en prévision des élections générales de 2015 reposaient sur l’assurance d’une division du vote d’opposition entre libéraux et néo-démocrates. Les conservateurs n’avaient pas imaginé un effondrement du vote du NPD en faveur du PLC. Or, la dynamique observée dans Whitby–Oshawa, si elle se répétait l’an prochain, pourrait faire basculer l’Ontario (et le pouvoir) dans le camp libéral.

Le pire, convenait un stratège conservateur au lendemain du vote dans Whitby–Oshawa, c’est que l’équipe de Harper, en s’acharnant à présenter Justin Trudeau plutôt que Thomas Mulcair comme son ennemi numéro un depuis deux ans, a contribué à l’imposer comme l’aspirant le plus susceptible de battre Stephen Harper.

Au début de l’année, personne ne doutait que la politique allait réserver son lot de surprises habituelles. La défaite du Parti québécois, qui se voyait en piste pour un deuxième mandat — de préférence majoritaire — à la même date l’an dernier en est un bel exemple.

Mais qui aurait imaginé que les conservateurs de Stephen Harper boucleraient l’année en se demandant quoi faire pour aider Thomas Mulcair à remonter la pente savonneuse sur laquelle lui et son parti sont en train de glisser ?

Cet article Le retour de la grosse machine rouge est apparu en premier sur L'actualité.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 43

Latest Images





Latest Images